Un homme capable de s’émouvoir sur les vestiges d’une rue rayée de la carte dix ans avant sa naissance est-il bien vivant ? Tentation d’exotisme ou obsession morbide ? C’est tout le mystère de mon rapport à la rue Vilin, petite voie disparue du XXe arrondissement de Paris.
Ouverte en 1863, le rue Vilin reliait la rue des Couronnes aux hauteurs de la rue Piat, à l’angle de la rue des Envierges. Son parcours remontait en pente douce selon la forme d’un S, jusqu’à un escalier d’une trentaine de marches au sommet desquelles s’étale l’un des plus beaux panorama de la Capitale. L’endroit faisait parti d’un entrelas de ruelles et de passages qui avait mal supporté l’après guerre. Le secteur se dégradait au rythme de la lente extinction des industries de Belleville. Frappés d’insalubrité, la rue Vilin, le passage Julien Lacroix et leurs voisins seront sacrifiés sur l’autel de la rénovation urbaine. Au fil des ans, les palissades et les gravas se substiteront peu à peu aux anciens immeubles. En 1988, la construction du Parc de Belleville sur les ruines froides de l’îlot mettra un point final à l’aventure.