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  • “Dahomey” de Mati Diop. Gagnez des invitations pour l’avant-première le 26 août 2024 au cinéma Star à Strasbourg
Avant-première
Projection en avant-première du documentaire “Dahomey” de Mati Diop (Ours d’Or au Festival de Berlin 2024), lundi 26 août 2024 2024 à 20h15 au cinéma Star à Strasbourg, en présence de la réalisatrice. 

Le cinéma Star et Le Lieu documentaire ont le plaisir de vous proposer des invitations pour assister à cette projection en avant-première présentée dans le cadre de CIné-cool 2024. Pour participer au tirage au sort, merci de vous inscrire, via le bouton ci-dessous “Je tente ma chance”, avant le vendredi 23 août 2024 à midi.
Les gagnant·e·s seront prévenu·e·s par courriel. 

Si vous n’avez, malheureusement, pas gagné des invitations, vous pouvez toutefois assister à la projection et à la rencontre en réservant votre place auprès du cinéma. Dans le cadre de Ciné-cool, toutes les places de cinéma sont à 5 euros, du 24 au 31 août 2024.

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Novembre 2021, vingt-six trésors royaux du Dahomey s’apprêtent à quitter Paris pour être rapatriés vers leur terre d’origine, devenue le Bénin. Avec plusieurs milliers d’autres, ces œuvres furent pillées lors de l’invasion des troupes coloniales françaises en 1892. Mais comment vivre le retour de ces ancêtres dans un pays qui a dû se construire et composer avec leur absence ?

Tandis que l’âme des œuvres se libère, le débat fait rage parmi les étudiants de l’université d’Abomey Calavi.

Photos extraites du film “Dahomey” © Les Films du Losange

Extrait d’un entretien avec Mati Diop, réalisatrice de “Dahomey”.

Lorsque j’ai entendu le terme « restitution » pour la première fois en 2017, j’étais encore en pleine écriture d’Atlantique. En tant que cinéaste afro-descendante, ce mot a trouvé en moi une résonance profonde. Finalement cette question traverse mon travail. Mais aussi, les films que j’ai réalisés à Dakar entre 2009 et 2019 s’inscrivent dans une démarche de retour. Un retour vers mes origines africaines, vers une part de S – 8 – moi-même trop longtemps ensevelie sous l’hégémonie de mon environnement occidental. S’ajoutait aussi l’écho troublant entre la figure du revenant d’Atlantique (que je terminais d’écrire à l’époque) et le retour d’œuvres africaines en pays natal.

Restitution, Revenance, Retour, Réparation… s’associaient dans ma tête. Aussi perplexe que l’annonce d’Emmanuel Macron à Ouagadougou pouvait me laisser, le projet d’un « rapatriement du patrimoine culturel africain d’ici cinq ans » fut un choc car je me rendais tristement compte que je n’avais jamais imaginé la possibilité qu’une telle chose se produise de mon vivant et ce, peut-être, par résignation. Je ne m’étais jamais figuré à quoi une restitution pouvait concrètement ressembler et, en tentant de me le visualiser, un film était déjà en train de s’imposer à moi.

J’envisageais alors d’écrire une fiction qui suivrait l’épopée d’une œuvre pillée à la fin du 19e jusqu’à son voyage de retour en pays natal en 2075… Ça ne pouvait qu’être un film d’anticipation, tant il me semblait improbable que des restitutions aient lieu dans un futur proche, que nous soyons les témoins vivants d’un tel chapitre historique.

J’avais néanmoins alerté mes productrices Judith Lou Levy et Eve Robin que si un rapatriement d’œuvres (de France vers leur pays d’origine) avait lieu, je tenais impérativement à le filmer, que nous devions rester à l’affût, nous tenir prêtes. Nous scrutions la presse jusqu’à ce que, prises de court devant l’annonce de la restitution des 26 trésors royaux d’Abomey (Bénin), prévue le 10 Novembre 2021… nous dûmes rendre possible le tournage. S’est alors engagée une course contre la montre… Demander au gouvernement béninois (qui est finalement entré en partenariat du film en nous garantissant l’indépendance que nous revendiquions) l’autorisation d’accompagner les œuvres tout en organisant toute la logistique du tournage de Paris jusqu’à Cotonou où je n’avais encore jamais été. Peu après l’enclenchement du film, j’ai décidé de créer une maison de production basée à Dakar (Fanta Sy) pour coproduire ce film avec les Films du Bal, depuis le continent.

“Dahomey” est un film à la frontière du documentaire et de la fiction. Dans le générique, il est écrit “écrit et réalisé par Mati Diop”. Pouvez-vous nous parler des notions d’écriture et de mise en scène sur ce film ?

Ce qui différencie le documentaire de la fiction touche surtout à la question du processus d’écriture. En plus de l’impératif que je ressentais à faire ce film, j’avais besoin, après “Atlantique”, de retrouver un processus d’écriture et de tournage plus libre que sur une fiction. J’aime m’affranchir des conventions de formats et l’idée d’inventer un dispositif d’écriture propre à chaque film. J’ai conçu “Atlantique” comme un « conte gothique ». Pour “Dahomey” , « documentaire fantastique » conviendrait bien.

“Si l’on sort du film en se demandant ce qu’on vient de voir, qu’on a traversé une expérience unique (tout en ayant été touché bien sûr), alors j’ai le sentiment d’avoir contribué à rendre le cinéma plus étonnant et plus innovant. C’est aussi ce que j’attends qu’un film me procure, d’où qu’il vienne.

En documentaire, l’écriture c’est d’abord le regard qu’on pose sur autrui ou sur une situation. L’écriture commence par le langage filmique qui traduit (ou trahit) une relation au monde, à l’autre, à soi-même. Finalement, une fois devant un film, qu’il soit un documentaire ou une fiction, la seule question c’est s’il produit du cinéma ou pas.

En me rendant au Quai Branly avec la cheffe opératrice (Joséphine Drouin Viallard) pour la première journée de tournage où les œuvres allaient être retirées des vitrines et mises en caisse, nous ne savions pas à quoi nous attendre et nous redoutions beaucoup l’environnement institutionnel du musée.

Dans “Les statues meurent” aussi de Resnais et Marker (1953) qui était l’un des seuls films que j’avais en repère, les plans des statues touchent au sublime, c’est un manifeste politique en même temps qu’un film d’art. Je visais cette rigueur esthétique mais dans un documentaire, on ne maîtrise pas les éléments autour de nous. Il n’y a qu’une prise possible, qu’un seul endroit où se situer. C’est maintenant.

(Extrait d’un entretien avec Mati Diop disponible en intégralité dans le dossier de presse du film – voir plus haut)

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Photo : Henry Roy / Les Films du Losange

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Mati Diop est née le 22 juin 1982 à Paris. Depuis le début des années 2000, elle construit une œuvre mutante primée dans de nombreux festivals internationaux. Avec son premier long-métrage “Atlantique “(2019), lauréat du Grand Prix du Festival de Cannes suivi de “Dahomey” (2024) lauréat de l’Ours d’Or de la Berlinale, elle s’est imposée comme l’une des figures majeures du cinéma d’auteur international et d’une nouvelle vague dans le cinéma africain et diasporique.

Son cinéma nomade, romanesque et politique transgresse les frontières entre les genres et les formats comme une extension de sa double identité et d’une créolité revendiquée. Elle grandit dans une famille franco-sénégalaise, entre un père musicien, Wasis Diop, et une mère photographe et acheteuse d’art. Elle est la nièce de Djibril Diop Mambéty, auteur du film culte “Touki Bouki” (1973).

Le formalisme de son cinéma prend son origine dans une curiosité première pour les arts plastiques, notamment la vidéo et surtout le son. Dès l’âge de 20 ans, elle fait ses premières armes au théâtre où elle réalise des créations sonores et vidéos pour des pièces de théâtre. Elle tourne à cette époque un premier court-métrage autoproduit, “Last Night” (2004). En 2006, elle intègre le Pavillon, le laboratoire de création du Palais de Tokyo. Après un bref passage au Fresnoy (Studio national des arts contemporains), sa rencontre avec Claire Denis qui lui confie le premier rôle féminin du film “35 Rhums” (2008) confirme surtout son désir de devenir réalisatrice.

Débute alors la composition d’une épopée dakaroise en trois chapitres qui se déploie sur une décennie. “Atlantiques” (2009, Tiger Award du Festival de Rotterdam), Mille Soleils (2013, Grand Prix du FID Marseille) et Atlantique forment un manifeste qui signe l’affirmation d’un choix politique : un cinéma engagé au Sénégal dont la jeunesse populaire en sera le cœur battant.

Du phénomène d’immigration clandestine qui dévaste la jeunesse populaire sénégalaise jusqu’à la destitution du régime Wade en 2012, de l’effacement du cinéma sénégalais et plus largement africain dont l’âge d’or fut incarné par l’œuvre subversive et politique de son oncle Djibril Diop Mambéty, les films se font l’archive d’une époque et de ses enjeux contemporains.

Pour la réalisatrice, le cinéma est une arme de reconquête qui vient restituer des images manquantes, interroger les représentations nées du colonialisme et inventer des héros.ines qui ont déserté les imaginaires africains.

En parallèle, la cinéaste réalise plusieurs court-métrages dont “Big in Vietnam” (2011, Tiger Award du Festival de Rotterdam) et “Snow Canon” (2012, sélectionné à la Mostra de Venise), qui ressassent ses motifs et thèmes de prédilections : la solitude de corps exilés, les villes et les paysages empreints de mythologie et de mystères, la nuit d’où émergent danses et fantômes. Des motifs que l’on retrouve dans “Tokyo Trip” (2023) réalisé pour Chanel et “In My Room” (2020) commandé par Miu-Miu.

Elle poursuit sa pratique de vidéaste avec “Liberian Boy (2015) et Naked Blue” (2022) co-réalisé avec Manon Lutanie. Entre 2020 et 2021, elle tourne aussi deux clips vidéo à Paris, pour Bonnie Banane et Wasis Diop, ainsi qu’un film commercial avec Solange Knowles. En créant la maison de production Fanta Sy basée à Dakar, elle poursuit son engagement artistique sur le continent africain.

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